La saison des nouvelles reines commence en mai au rucher du Miel de Saint-Nicolas. Les reines qui ont grandi l’année dernière sont en production cette année. Et donc il faut préparer la génération des reines qui seront en production l’an prochain.
Pour avoir de nouvelles reines, il y a plusieurs solutions : soit attendre que les ruches fassent partir leurs reines et en élèvent une ,soit acheter chez un des reines avec un pédigrée intéressant ou soit les produire soi-même. Au Miel de Saint-Nicolas, j’ai écarté la première solution car elle est très aléatoire car on ne maîtrise jamais l’essaimage qui peut vider complètement une ruche. De plus ces reines qui essaiment sont très versatiles et donnent souvent naissance à des lignées agressives. Je pratique donc les deux solutions suivantes: acheter des reines de qualité et élever mes propres reines.
Chaque année, les reines qui ont bien travaillé l’an passé, sont choisies pour devenir les « mères »des futures reines de l’année suivante. De plus, je me fournis chez un éleveur, Les ruchers de Wendy, en nouvelles reines qui viendront compléter et enrichir le patrimoine génétique du rucher. En apiculture , les résultats que l’on a, sont tout le temps les conséquences de ce qui s’est passé un mois ou une année avant. On n’est jamais dans l’immédiateté.
Pour élever de nouvelles reines, on se sert de ruches que l’on a orphelinées, c’est à dire que l’on a enlevé la reine. Très rapidement (1 heure!) les abeilles se sentent orphelines et peuvent déclencher l’élevage de nouvelles reines. C’est là que nous intervenons en leur proposant des cadres spéciaux avec de très jeunes larves (quelques heures à 3 jours maximum). Ces cadres ont la particularité d’avoir des cellules qui sont ouvertes vers le bas et non pas horizontalement comme les cellules d’ouvrières. Immédiatement, les abeilles secrètent la gelée royale qui va les nourrir pendant 6 jours.
La larve va alors grossir énormément et les abeilles vont agrandir rapidement le cocon de cire autour de cette grosse larve. Puis la cellule royale est fermée par un bouchon de cire et cette larve démarre la nymphose, le passage de la nymphe à l’insecte fini.
La nymphe va commencer par secréter un fil de soie et se suspendre, tête en bas, dans le cocon. Une fois la nymphe suspendue, la cellule devient très fragile et un brusque mouvement peut casser ce fil de soie et provoquer la chute de la nymphe dans le cocon , chute qui entraîne une rupture du segment de liaison entre la tête et le thorax.
Pendant les dix jours qui vont suivre, les organes vont bouger et prendre une autre place dans le corps. Puis les 3 parties de l’insecte vont se dessiner, puis les pattes et les antennes puis les yeux et enfin la peau va se durcir pour devenir le tégument solide qui protègera l’insecte tout au long de sa vie.
Dès l’émergence, les jeunes reines sont placées dans de petites ruchettes avec quelques dizaines d’abeilles qui vont la soigner et la nourrir pour la préparer à sa future fécondation puis au démarrage de la ponte. C’est ce que j’appelle l’école des futures reines au Miel de Saint-Nicolas
Le choix et la surveillance des reines est un aspect important du métier d’apiculteur. Si une reine est défaillante, toute la ruche est défaillante et il faut pouvoir la remplacer rapidement. En même temps, il faut préparer la saison de l’année prochaine et donc prévoir lanouvelle génération de reines.
Il y a un vieux proverbe apicole que j’ai appris il y a très longtemps mais qui reste toujours d’actualité : « Tant va la reine, tant va l’essaim ! » C’est en sélectionnant de bonnes reines, que l’on a un rucher qui travaille bien et que l’on produit du bon miel. Car la qualité du miel est aussi fonction de la qualité des reines qui conduisent la ruche.