Présentation du rucher

 

Nos ruches se réveillent à la mi-janvier avec la remise en ponte des reines. Le compte à rebpours commence à cette date pour que les ruches soient opérationnelles à la mi-mars. Une ruche compte environ 5000 abeilles à la mi-janvier et elle doit en avoir environ 20000 pour le démarrage. Ensuite ce nombre va monter pour arriver aux alentours de 60 à 80000 à la fin juin.
Le début de la saison apicole est souvent très riche de floraisons différentes (saules, pissenlits, arbres fruitiers, cornouillers, aubépines ….. ) qui donnent au miel de printemps des saveurs douces avec des teintes florales très agréables. Il a aussi assez souvent la saveur caractéristique de l’acide salicylique, principale composé de l’aspirine. Cet acide est issu du nectar de saule. Ce miel est d’une belle couleur jaune d’or lors de son extraction. Mais il a la particularité de cristalliser assez rapidement est de prendre une couleur blanche très caractéristique. C’est pour cette raison, qu’en Lorraine, on l’appelle le miel blanc.
Ensuite arrive la floraison des acacias, ou faux robiniers. Tout autour du rucher il y a de gardes étendues d’acacias. Cette floraison, certaines années est intense et donne lieu à des miellées très importantes. Mais elle a la particularité, en France, d’être très irrégulière : soit à cause d’un refroidissement à cette période, soit par des mélanges de nectar dus à des floraisons décalées. Ce miel est très particulier. Le miel est un assemblage d’une dizaine de sucres : les plus importants sont le glucose et le fructose. Le rapport de ces deux sucres va déterminer la rapidité de cristallisation. Plus le rapport est en faveur du glucose et plus ce miel va cristalliser rapidement. C’est le cas par exemple du miel de printemps. Plus le rapport est en faveur du fructose et moins ce miel cristallisera rapidement : c’est le cas du miel d’acacia qui peut rester liquide des années. C’est la raison pour laquelle ce miel est un des rares qu’une personne atteinte de diabète peut manger en petite quantité bien sûr, car le fructose ne provoque pas de monté glycémique brusque.


Pour les ruches du Miel de Saint-Nicolas, il est alors temps, après la récolte d’acacia, de partir en transhumance vers d’autres miellées car la zone devient un désert de nourriture pour les abeilles : plus de floraisons donc plus de nectar et surtout plus de pollen. Les abeilles sont en période de disette. Ceci semble arriver de plus en plus souvent avec le bouleversement climatique que nous vivons en ce moment et il n’est pas rare que les ruches, qui restent en Lorraine pour l’été, aient besoin d’un complément alimentaire notamment lors des périodes de canicule.
Les ruches partent donc sur la miellée de tilleul. Ce miel a la particularité de laisser en arrière goût une saveur mentholée assez prononcé. Mais il est très doux en attaque. Il est riche en farnésol, un alcool particulièrement actif contre de nombreuses bactéries. Il est riche en flavonoïdes et en antioxydants et peut aider pour la gestion des spasmes et des douleurs.
D’autres ruches partent dans les Vosges pour la miellée de sapin. Avant la miellée de sapin qui est une miellée qui nécessite des conditions spécifiques (beaucoup de pucerons sur les sapins , de la fraîcheur la nuit et peu de pluie) les abeilles vont butiner les différentes floraisons de la montagne. Pour avoir la dénomination miel de montagne, ce miel doit être produit dans une des communes ayant été classée commune de montagne ce qui est le cas de l’emplacement de notre rucher dans les Vosges. Ce miel est souvent utilisé pour les plaies et les problèmes de peau. Le miel de sapin est un miellat : les abeilles vont récolter les déjections sucrées que les pucerons rejettent après avoir mangé les bourgeons de sapin. Ce miel est d’une couleur très foncée, d’un goût balsamique doux mais corsé. On sait depuis toujours qu’il a une action apaisante sur les difficultés respiratoires et les épisodes ORL.

  

 

 

 

 

D’autres ruches, au même moment partent sur le centre ville de Nancy, sur un rucher situé sur un toit de la Place Carnot, à peu de distances du grand parc de la Pépinière. Cet emplacement est très intéressant car on y produit deux types de miel : le miel de marronnier et le miel d’été de la Pépinière. Le miel de marronnier est un miel de printemps qui a une légère amertume au milieu d’une saveur très sucrée. C’est une sensation très étrange à découvrir. Mais le grand miel de ce rucher est le miel d’été. En effet, le parc de la pépinière est planté de nombreuses espèces d’arbres et de fleurs exotiques. De plus, il est arrosé régulièrement, ce qui permet au nectar de couler pendant tout l’été. Le résultat est exceptionnel. Ce miel a une palette de saveurs extraordinaire. De plus, il ne cristallise que très lentement et garde sa fluidité jusqu’en fin d’hiver alors que les autres miels ont déjà entamé leur cristallisation (rapport glucose/fructose).
Enfin, un dernier groupe de ruches part en Bretagne pour la floraison des châtaigniers. La floraison débute tous les ans à la mi-juin et peut durer jusqu’à ou semaines selon les années car ces arbres ont la particularité d’avoir des floraisons décalées. En Bretagne, la miellée de châtaigniers est très souvent concomitante avec celle des ronces. Le résultat gustatif est très intéressant. Autant le miel de châtaignier pur qui peut être récolté dans le Massif -Central ou en Corse est âpre voir très amer et d’une saveur très prononcée, autant celui de Bretagne est plus mesuré. On garde les touches corsées de la saveur châtaignier, mais elles sont adoucies par le nectar de ronces qui lui amène une rondeur qui permet de plus en apprécier la saveur. Ce miel est très riche en acide oxalique et en oligo-éléments. Il semble avoir une action positive sur le système immunitaire. C’est un miel dont le rapport fructose/glucose est en faveur du fructose (comme l’acacia mais en moins prononcé) qui donc cristallise lentement. Sa composition lui permet enfin d’aider à la cicatrisation des plaies en pansements.


Le retour de l’ensemble des ruches s’effectue en septembre sur le rucher de Saint-Nicolas. C’est le moment de préparer les ruches à l’hivernage, de les soigner, de les traiter contre le varroa qui est une des catastrophes actuelles de l’apiculture. L’ensemble des opérations dure environ un mois, période pendant laquelle le nombre d’abeilles dans les ruches va lentement décliner. Nos reines , après avoir fait naître les abeilles d’hiver qui sont des abeilles légèrement différentes des abeilles d’été que l’on voit butiner, vont doucement se mettre au repos et attendre, bien au chaud, la saison prochaine.